Marre de l’hiver ? Nous aussi. Les Bulgares ont inventé, eux, un moyen rapide et ludique d’accélérer la venue du printemps. Au 1er mars, ils se décorent de fils et de pompons rouge et blancs
qu’ils gardent jusqu’au moment où ils voient qui la première cigogne, qui le premier perce-neige. Cette décoration porte le nom de martenitsa en Bulgarie.
Cette fête a son personnage : Baba Marta (ou Grand-Mère Mars), une vieille dame qui change souvent d’humeur, envoyant le soleil quand elle est contente et glaçant tout sur son passage quand elle
est furieuse. Evident que l’on cherche avant tout à l’apaiser. Tout le monde se salue donc le 1er mars d’un joyeux « tchestita Baba Marta » (heureuse grand-mère Mars).
C’est une tradition que les Bulgares partagent avec leurs voisins roumains et moldaves, ainsi que macédoniens, et grecs où ces décorations s’appellent respectivement martisor, martinki, martis.
Elle a été reconnue en 2018 par l’Unesco comme appartenant au patrimoine mondial de l’humanité.
Dans les villages, plus que dans les villes où on les achète tout faits, on confectionne soi-même sa martenitsa en Bulgarie. Quelques fils rouges et blancs entrelacés, des
pompons ou même de petits personnages, selon la dextérité des couturières, feront l’affaire. L’important est d’en mettre partout. Sur soi, sur les vêtements de ses enfants, de ses amis. En
principe ce n’est qu’après avoir vu le premier signe annonciateur du printemps qu’on peut enlever ce porte-bonheur, pour aller le cacher sous une pierre, ou l’accrocher sur un arbre, en ayant
auparavant fait un vœu.
L’origine de cette coutume est mal connue et nombreuses sont les légendes qui se la sont appropriées. En Bulgarie, le récit populaire veut qu’un des premiers rois bulgares avait promis
d’avertir les siens de l’issue heureuse d’un combat en leur envoyant son faucon orné d’un fil blanc mais qu’en raison de ses blessures ce fil blanc s’est coloré de rouge. Depuis lors, le
rouge et le blanc seraient le symbole de la santé et de la prospérité.
Une autre légende, plus champêtre, veut qu’une grand-mère ayant voulu consoler sa petite-fille dont le tablier s’était envolé avec le vent ait ramassé tous les fils rouge et blanc accrochés
aux branches d’arbre pour lui tresser un joli bracelet rouge et blanc.
Quoi qu’il en soit, cette coutume de la martenitsa en Bulgarie aide à faire passer un hiver souvent long et rugueux en faisant du mois de mars le véritable début du printemps.
Hélène Despic