Erevan et le mont Ararat
Le mont Ararat (5.165 m) est à Erevan ce qu’est la Seine à Paris. Un symbole national. Les Arméniens, l’affichent partout, sur leurs armoiries, certaines marques de cigarettes et surtout leur
cognac local –celui que buvait Churchill- et qui est aujourd’hui propriété de Pernod-Ricard. Pourtant ce volcan endormi sur lequel les eaux du déluge auraient déposé l’arche de Noé ne se trouve
pas en Arménie, mais en Turquie, presque à portée de main (à 60km d’Erevan) mais inatteignable car ces deux pays se regardent en chiens de faïence en raison du refus turc de reconnaître le
génocide arménien de 1915. Dans la capitale arménienne, on le voit de partout et ses neiges éternelles illuminent la ville construite en pierre volcanique rose. Sauf quand un couvercle de brume
cache son sommet à la vue des habitants de cette ville qui a conservé beaucoup de ses caractéristiques architecturales de l’époque soviétique. Le voyage en Arménie est aussi un
voyage dans le passé.
L’attachement à la chrétienté
Rien ne témoigne plus de l’attachement de l’Arménie à la chrétienté que les khatchkars, ces stèles funéraires frappées de croix disséminées par milliers dans les territoires où vivent les Arméniens. L’Arménie fut le premier Etat à adopter la chrétienté, en 301, environ 80 ans avant Rome. L’art du khatchkar (un mot composé à partir des mots croix et pierre) connut cependant son essor qu’au 9e et 10e siècle après Jésus Christ. On les trouve autour des monastères et bien sûr dans les cimetières, mais aussi en plein champ, groupés ou isolés. Le khatchkar n’est pas un signe funéraire, et il est souvent accompagné d’un arbre de vie. Les motifs ont d’ailleurs évolué avec le temps et au cimetière de Nouradouz, en bordure du lac Sevan, où on compte plus de 700 de ces stèles, on trouve des scènes de la vie des champs et de celle des défunts. Ces monuments, incontournables lors d'un voyage en Arménie, montrent la singularité de la culture arménienne et de son christianisme qui se distingue de l’orthodoxie des Russes ou des Géorgiens voisins. Ils balisent tous les territoires jadis peuplés d’Arméniens et c’est la raison pour laquelle la destruction récente de ces très nombreux monuments au Nakhitchevan, région appartenant aujourd’hui à l’Azerbaïdjan, a ravivé de mauvais souvenirs dans la communauté.